Freda Josephine McDonald, dite Joséphine Baker, est née le 3 juin 1906 à Saint-Louis, Missouri. Issue d’une famille métissée, Joséphine a grandi dans un milieu pauvre et ségrégationniste. Avec ses cinq frères et sœurs, elle connaît une enfance complexe, marquée par la pauvreté et la discrimination.
Elle s’est mariée à l’âge de 13 ans avec un certain Willie Wells. Bien que le mariage fût de courte durée, il est symbolique de sa situation complexe. Néanmoins, sa passion pour la scène la poussera à quitter l’école et son mari pour rejoindre des troupes de danse itinérantes.
Sa carrière de danseuse
C’est ainsi que la jeune Joséphine Baker a rejoint The Jones Family Band en 1921. Elle se produira notamment à Broadway le 17 mai 1921, date qui marquera un tournant dans l’histoire des comédies musicales, et même de la musique. À une époque ségrégationniste, Shuffle Along fait entrer le jazz auprès du public blanc et conduira au célèbre mouvement Harlem Renaissance.
Cependant, le vrai tournant de sa carrière ne se produit que quatre années plus tard, en 1925. Cette année-là, la danseuse quitte le continent américain pour rejoindre la France, à Paris. Repérée alors par la productrice Caroline Dudley, Joséphine Baker devient rapidement la star du spectacle « La Revue Nègre », produit au théâtre des Champs-Élysées. De ce spectacle naît la danse sauvage, qui a contribué d’une part à la renommée de Mme Baker, d’autre part à la libération de la femme.
En 1927, elle introduit le Charleston, renforçant son statut de star internationale, jusqu’à se faire nommer la Vénus Noire. Elle devient alors une figure centrale des Folies Bergère. Le monde du spectacle se souvient encore de sa danse en jupe de bananes.
Sa carrière de chanteuse
En 1926, alors qu’elle fait sensation sur scène, Joséphine Baker commence à enregistrer ses premières chansons en anglais. Influencée par Ethel Waters et Clara Smith, ses premiers enregistrements tels que « Down Hearted Blues » et « Then I’ll Be Happy » montrent déjà son charisme.
C’est en 1930 que Joséphine Baker connaît la gloire au niveau musical avec « J’ai deux amours ». Cette chanson devient rapidement un hymne pour Baker, reflétant son amour partagé entre Paris et son pays natal. La mélodie douce et la voix sensuelle de Joséphine captivent les auditeurs, faisant de ce titre une référence incontournable de sa carrière.
Par ailleurs, « J’ai Deux Amours » est revenue aux devants de la scène dans les années 2020 grâce à la série « Emily In Paris ». C’est Ashley Park qui a reprit le titre dans le premier épisode de la saison 3, redonnant un second souffle à ce titre légendaire de Joséphine Baker.
Deux ans plus tard, elle enregistre sous le label Pathé un album éponyme qui contient plusieurs titres populaires comme « Si j’étais blanche » et « La Petite Tonkinoise ». Cet album montre sa capacité à mélanger des styles musicaux variés, du jazz à la chanson française, tout en conservant son style unique et inimitable.
Engagement politique de Joséphine Baker
Une fois encore, Joséphine ne manque pas l’occasion de se démarquer et d’afficher son engagement politique. La Seconde Guerre mondiale éclate quelques années plus tard et l’artiste n’hésite pas à utiliser sa musique comme moyen d’expression politique.
Reconnu à la fois pour son art et pour ses actes de résistance, l’artiste a reçu la Croix de Guerre et est devenue chevalier de la Légion d’honneur. Mme. Baker était également franc maçon, et adopta pas moins de 12 enfants dans le château des Milandes, avec son mari Jo Bouillon. Les 12 enfants formaient « la Tribu Arc-En-Ciel », conformément à la volonté de Joséphine de montrer « qu’il n’y a qu’une seule race, la race humaine »
Joséphine Baker et son amour pour la capitale française, Paris
Après la guerre, Joséphine Baker chantera son amour pour son pays et sa ville d’adoption. En 1950, Joséphine Baker enregistre « Paris mes amours », un album qui, comme son nom l’indique, célèbre Paris. Cet enregistrement est une déclaration d’amour avec des titres comme « C’est si facile de vous aimer » et « Avec ». Ce disque reflète sa maturité artistique et son attachement profond à la culture française.
En 1961, elle enregistre « Joséphine Baker Chante Paris », un autre hommage à sa ville adoptive. Cet album contient des titres emblématiques comme « La Conga Blicoti » et « Sous le ciel d’Afrique », mélangeant des influences africaines et parisiennes, témoignant de son parcours international et de sa capacité à unir diverses cultures par la musique.
L’artiste livrera un dernier album en live à l’Olympia, en 1968. Joséphine Baker passa l’arme à gauche le 12 avril 1975, suite à une hémorragie cérébrale. Intronisée au Panthéon le 30 novembre 2021, elle restera à jamais un symbole de résistance, de lutte pour les droits des femmes, d’extravagance, de sensualité et d’amour.