James Brown
C’est le 3 mai 1933 à Barnwell en Caroline du Sud que James Joseph Brown est naît, mais c’est à Augusta en Géorgie qu’il grandit dans un quartier pauvre, mais pour lequel il restera attaché durant toute sa vie et il deviendra par la suite le symbole de la ville. Il sera livré à lui-même durant son enfance ses parents ne pouvant assurer son éducation, il sera confié à une de ses tantes tenancière d’une maison close. James Brown s’occupera alors de rabattre les clients pour les dames de compagnie et découvrira le monde la rue, il enchaînera les petits boulots : laver les voitures, cirer les chaussures, ou danser pour quelques dollars de plus et se présentera à des concours locaux.
Pendant sa scolarité, il s’inscrira dans la chorale gospel de l’école et écoutera les airs de boogie woogie à la mode de Louis Jordan.
Autodidacte, il apprend le piano et la batterie mais sera mal entouré et sera arrêté pour vol de voiture à main armée qui le conduira directement dans la maison de correction pour mineurs délinquants à Toccoa.
C’est dans cette maison de correction qu’il développera ses aptitudes sportives (avec la boxe et le base-ball) et surtout musicale où il fera la rencontre du pianiste Bobby Byrd. La famille de ce dernier se portera garant de la bonne conduite de James Brown et sera libéré sur parole en 1952.
James Brown et Bobby Byrd ne tardent pas à monter leur propre groupe de rhythm’n’blues, The Flames influencé par celui d’Hank Ballard, The Midnighters qui connaît à cette époque un pic de popularité avec « Work With Me Annie ».
Leur groupe sera rebaptisé The Famous Flames avec James Brown en vedette, leur formation sera engager par une autre influence locale, celle de Little Richard qui les accueillera dans son groupe lors de sa tournée.
A la fin de l’année 1955, sur l’une des maquettes enregistrées dans une station de radio qui séduit le promoteur Ralph Bass, le label Federal signe James Brown & The Famous Flames, dont le premier single « Please, Please, Please » paraît en février 1956. Si le single obtient un réel succès, le disque ne donne qu’un faible aperçu de la présence scénique et des talents du chanteur et danseur qui multiplient les acrobaties et entrecoupe ses morceaux d’improvisations et de cris stridents.
Pendant plus de deux ans, James Brown se plie aux exigences de son patron Syd Nathan, jusqu’à la réussite de la chanson « Try Me » qui atteint le sommet des chartres R&B. Ce nouveau titre fut suivi d’autres succès avec « I’ll Go Crazy » en 1959 et « Bewildered » en 1960.
James Brown trouve en l’agent d’artiste Ben Bart la personne qui va l’aider à réaliser le projet qui le tient à cœur : l’enregistrement d’un album live capable de retranscrire l’atmosphère de son show malgré les réticences de Syd Nathan. Le 24 octobre 1962 sort le Live At The Apollo (n°2 en mars 1963) et devient un classique instantané avec ses morceaux enchaînés comme une longue suite fiévreuse.
Ce tout de force permet à James Brown de tenir tête au label King et de conclure un contrat en parallèle avec la marque « Smash » pour la parution de disques exclusivement instrumentaux (Grits and soul » ou live « Showtime ». Mais c’est pour King qu’il réalise ses plus gros scores et sème les graines d’une révolution rythmique, avec « Out of Sight » en août 1964 puis les classiques comme « Papa’s Got a Brand » et « I Feel Good » initiateurs du funk.
Ces innovations toujours marquées du sceau vocal impressionnant de « Mister Dynamite » alternent encore avec un sommet de sentimentalisme « It’s A Man’s World » en juin 1966 mais elles tendent à s’accompagner de nombreux discours plus revendicateurs, suivant le mouvement de lutte de la population noire à faire valoir ses droits civiques, et porteurs de messages « Money Won’t Change You » et « Don’t Be a Drop Out » en 1966.
En 1968 le chanteur prend de plein fouet l’assassinat du pasteur Martin Luther King : un soir, pour éviter un soulèvement, son concert de Boston est retransmis en direct à la télévision. Alors que les émeutes font rage dans le quartier de Watts à Los Angeles, Brown est invité sur les plateaux dans le but de rétablir le calme. Dans le même temps, il devient un porte-parole de la communauté noire avec son manifeste « Say It Loud- I’m Black and i’m Proud ».
Au cours des dix dernières années au sommet de Rhythm’n’blues, la soul et le funk naissant, James Brown a puisé dans un extraordinaire vivier de musiciens avec le guitariste Kenny Burrell, le saxophoniste J.C Davis et Bobby Bird. Son groupe est au rang des meilleurs de la soul, et devient propriétaire d’une chaîne de radios et de restaurants, ou d’un jet privé.
Au début des années 70 le chanteur reste l’ambassadeur du funk avec une série de titre explosif « Ain’t no Funky now », « Funky Drummer » et surtout le plus torride des gospel « Get Up I Feel Like Being a Sex Machine ».
C’est au milieu des années 70 que la carrière de James Brown perd de sa superbe. La vague du disco bat son plein, Mais James Brown ne parvient pas à s’accrocher, ses pas de danses, son look avec sa moustache deviennent des handicaps pour sa carrière. Dans les années 1980 James Brown est relancé par divers hommages : le film The Blues Brothers dans lequel il joue le rôle d’un prêcheur convaincant, et celui des précurseurs du hip-hop auxquels il s’adresse à travers l’interminable « Rapp Payback » extrait de Soul Syndrome.
Sur scène le chanteur reste imbattable mais ses affaires intéressent le fisc américain qui étudie ses comptes et saisit un à un les signes visibles de sa réussite.
Quasiment ruiné et sans label, le chanteur traverse une période difficile jusqu’à son sauvetage par le roi de la « nation rap zulu » Afrika Bambaataa partageant le succès du single « Unity » en 1984.
Mais en 1988 son image subit un revers, il est accusé d’avoir violenter son épouse Adrienne sous l’effet d’une drogue dure et mis sous écrou par la police après une tentative de fuite. L’incident lui coûte une peine de six années réduite à deux ans pour bonne conduite.
Sorti de prison, James Brown se précipite en studio afin de combler sa carrière et de s’associer au mouvement techno-funk sur les albums Love Over-due en 1991. Du côté de ses disques live il entame un quatrième Appollo publié en 1995, suivi de la réedition du concert mythique à l’Olympia de Paris en 1971.
En 2004 le chanteur se fera opérer d’un cancer de la prostate, remis sur pied il entamera une tournée Seven Decades of Funk mais une banale visite chez un dentiste diagnostique une pneumonie. Hospitalisé d’urgence James Brown s’eteint d’une crise cardiaque le matin de Noêl en 2006. Dans les jours qui suivent un vibrant hommage lui est rendu par une longue foule dans son temple l’Appollo d’Harlem, avant un repos dans sa villa d’Augusta.