Les six candidats à la présidence de Radio France sont-ils conscients des enjeux de la radio numérique en France ?
Le nouveau Président(e) de Radio France va-t-il faire le jeu des GAFA ou faire évoluer le média préféré des Français vers la radio numérique ?
Après huit années de retard, c’est la nouvelle présidence de Radio France qui déploiera dans l’hexagone la radio numérique, comme l’a fait précédemment France Télévision avec la TNT.
Ils sont pour l’instant six candidats au poste de président de Radio France, un peu plus à partir du 5 avril, et ils vont prochainement passer un examen oral devant le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel avec son comité des sages, présidé par Nicolas Curien, Président de la radio au CSA et Président intérimaire du CSA en l’absence de M. Olivier Schrameck.
A l’heure où les abus commerciaux des GAFA commencent à être moins timidement évoqués dans la presse, à l’heure où Facebook perd des abonnements pour ses abus de collecte de données personnelles, la liberté et l’anonymat d’écoute de la radio, sa liberté et sa gratuité rayonnent, tout comme le média préféré des Français, la radio, qui fonctionne cependant toujours dans un mode hertzien analogique, dépassé et incompatible avec le digital.
Nicolas Curien, Président du CSA et ingénieur de formation vient de lancer une opération de déploiement sans précédent de la radio hertzienne numérique HD (DAB+) qui équipe désormais les autoradios et autres récepteurs high-tech de salon ainsi que les enceintes multimédia. Radio France, comme l’a fait jadis France Télévision avec la TNT, se doit de donner le signal de départ, en 2018, de cette évolution technologique de la radio qui avait jusqu’à présent subi trop de blocages concurrentiels de la part des grands groupes privés.
Que pensent ces candidats du DAB+ en France ?
Les nouveaux prétendants au titre de Président de Radio France, tout comme le gouvernement et les divers ministères de la culture, du numérique, de l’industrie, ne peuvent ignorer ce sujet majeur pour l’ensemble des antennes de Radio France qui dépensent actuellement environ 70 M d’euros de frais de diffusion sur l’ancienne bande analogique FM, incompatible désormais avec le digital.
Nous avons donc pris soin d’éplucher les programmes présentés par les 6 premiers candidats à la Présidence de Radio France et remarquons que seuls le candidat Bruno Delport (homme de radio, actuellement directeur général de TSF Jazz) et Guillaume Klossa (un des directeurs de l’Union Européenne de Radiodiffusion) évoquent clairement le sujet.
Sybille Veil, pourtant déjà responsable à Radio France, n’évoque le DAB+ que par rapport à des radios jeunes du groupe telles que le MOUV’ pour étendre son réseau de fréquences…
Christophe Tardieu (directeur général du Centre National du Cinéma) quant à lui, n’évoque le DAB+ que comme un sujet auquel il a pu toucher dans son parcours.
François Desnoyers, pourtant haut responsable de Radio France depuis plusieurs années, n’évoque à aucun moment le sujet.
Et enfin, Jérôme Batout, directeur général de Publicis Media et conseiller de la revue Le Débat, philosophe et économiste de formation qui a notamment conseillé l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault ne connaît pas non, plus, apparemment l’enjeu du DAB+ en France et le retard pris en la matière…
Voici, pour votre information, les extraits divers des programmes des candidats évoquant le DAB+, ou RNT, ou encore radio numérique terrestre, ainsi que le lien de visialisation rendu public par le CSA
Guillaume Klossa:
« Pour atteindre ses objectifs de conquête, Radio France Trans média tirera demain sa force d’une stratégie de distribution s’appuyant sur trois axes :
– Préserver l’atout que constitue le réseau FM mais procéder, en liaison étroite avec le CSA, à une réallocation interne de ses fréquences ;
– Tirer parti des potentialités de la radio numérique terrestre (RNT DAB+) ;
– Développer une stratégie de distribution numérique (IP) ambitieuse, et multiplateformes avec les autres médias, qu’ils soient radiophoniques ou télévisuels, afin de capter l’attention du citoyen. Au niveau sectoriel français, un Player radio commun à l’ensemble des acteurs publics et privés de la radio fait sens pour pouvoir rivaliser en termes de distribution et dans la durée avec les grandes plateformes globales. Je souhaite par ailleurs prendre l’initiative d’un Player commun à l’ensemble du service public audiovisuel.
Il m’importe que Radio France soit le moteur de la migration digitale de la radio, tant en numérique hertzien que sous protocole internet. »
Bruno Delport
« La diffusion en DAB+ constitue une révolution numérique qui peine depuis des années à trouver son chemin en France, et Radio France n’à ce jour pas encore arrêté de stratégie définitive, le COM 2015-2019 se contentant d’indiquer que MOUV’ et FIP pourraient éventuellement chercher à compléter leur couverture via le DAB+ dans le respect de la trajectoire budgétaire définie. »
Sybille Veil
« Aujourd’hui on ne peut éluder la question de l’allocation des moyens en faveur des radios musicales du service public qui font entrer les publics des jeunes générations dans l’univers de la radio publique. Pour prendre l’exemple de MOUV’ seul chaîne du service public audiovisuel dans son ensemble qui vise avec un succès grandissant la cible des moins de 35 ans, soit 20% de la population française, elle ne représente qu’une faible part des charges des programmes de Radio France. L’extension de sa diffusion doit-elle se concentrer sur les développements numériques ? ou un plan de fréquences alternatif, combiné au développement de la RNT, ne peut-il être pensé pour donner à MOUV’ et à FIP les moyens de diffusion qui leur manquent ? Je proposerai un débat sans tabou sur ce sujet. »
Christophe Tardieu
« J’ai donc pu aborder différents domaines de compétence, que ce soit le patrimoine (Versailles), le spectacle vivant (Opéra de Paris), les médias (directeur adjoint de Cabinet ou j’étais en charge de tous les sujets « Communication » et, s’agissant de la radio, les questions de la rémunération équitable, la concentration, la publicité, la radio numérique terrestre, voire les débuts des travaux de la Maison de la Radio) ou encore les industries culturelles (CNC). »